La balade du dimanche : sur les hauteurs du massif du Lomont (Doubs)
C'est l'hiver , les vacances pour moi , et même si le froid sibérien s'en est allé pour laisser place à plus de douceur , la neige est encore bien présente sur les monts du Jura . Pas très loin du Pays de Montbéliard, les premiers monts du Jura , font partie du massif du Lomont . Cet endroit , je vous y ai déjà emmené dans les années passées (ici ou là ). Depuis toute petite , je vais y faire du ski de fond , mais aussi de la luge . Maintenant , on y emmène nos enfants , dès les premières neiges de l'hiver pour y dévaler les pentes . C'est aussi un lieu historique de la dernière guerre mondiale pour la Franche Comté . Le maquis du Lomont a durement résisté à l'occupant allemand et les résistants ont combattu avec ardeur . Un colosse y a été érigé en mémoire de cette époque et de toutes les victimes . La devise de la franche comté y a été gravée " Nenni ma foi" ( comtois rends toi , nenni ma fois ) .
Dimanche dernier , je suis allée m'y balader avec ma fille aînée ... envie de prendre l'air , de marcher dans le silence en entendant juste le crissement des pas dans la neige et de faire des photos et surtout de partager un peu de temps à 2 ... pas toujours évident de consacrer du temps à chacun de ses enfants quand il y en a 3 , qu'on travaille , que la semaine est une course perpétuelle . Alors la nature est le meilleur endroit pour pouvoir se ressourcer et prendre le temps .
Nous voici donc arrivées au Lomont , à 794 m d'altitude , à 30 km de chez moi . Le soleil brille encore , il fait -1°C , il fait bon . Pas grand monde sur le plateau , ce qui n'est pas pour me déplaire . Le plateau est enneigé , le ciel et ses nuages laisse passer les rayons du soleil .
La route se poursuit en direction du petit village de Montécheroux .
Nous franchissons à pieds le col appelé passage de la douleur . En haut sur la droite , fixé dans la roche , une plaque attire mon oeil . C'est la première fois que je remarque cette gravure et pourtant Dieu sait que j'y suis passée de nombreuses fois à pieds, en voiture , à ski ... jamais je ne l'avais vu , comme quoi on en découvre tous les jours . De retour à la maison , j'ai donc fait une recherche internet pour savoir à quoi cela correspondait . C'est sur le site Montécheroux story que j'en ai trouvé la signification .
C'est un lieu de légende : "Le Passage de la Douleur" pourfend cette barrière au-delà de laquelle le regard jouit d'une vue splendide sur le Pays de Montbéliard et par temps clair sur les sommets arrondis des Vosges et les pics neigeux des Alpes Bernoises. Dimanche dernier on voyait "loin" , tout le Pays de Montbéliard était visible , jusqu'à Belfort , la plaine d'Alsace plus à l'Est , le Ballon d'Alsace et la chaîne des Vosges juste en face et même l'un des nombreux viaduc de la nouvelle ligne TGV Est qui est entrée en service en décembre dernier . Armée de mon objectif 18-250 mm , je vais zoomer au maxi pour découvrir tout le panorama qui s'offre à nos yeux depuis ce point culminant du Nord Franche-Comté qu'est le Lomont .
L'usine Peugeot de Sochaux qui s'étend sur plus d'1 km de long et qui relie la ville de Sochaux à la ville de Montbéliard ( au second plan juste après la forêt )
Le viaduc du TGV de la Lizaine à Bussurel et au fond la ville d'Héricourt (Haute Saône )
Mais revenons - en au passage de la douleur :
Le nom de ce col vient d'un souvenir piétiste donné à l'endroit, en 1856 par un réfugié suisse et piétiste ( frère morave ) qui, chassé de Neuchâtel par les évènements de 1848, trouva asile dans le village chez des « frères ». Chaque jour, l’horloger Emile Huguenin montait au col par où il était arrivé et pleurait sa patrie perdue. Il peignit sur la roche « Passage de la douleur » et bien rappelé en Suisse en 1857, le nom resta. Ses amis l’avaient fait graver dans le rocher après les travaux de 1874. Aujourd’hui , une plaque gravée dans le granite a été fixée dans la roche au dessus de la route , et il figure sur les cartes d’état-major.
Au bord de la route , le bois coupé est aligné au millimètre et j'aime bien photographier le bois comme ça !
Puis nous arrivons devant le monument dédié aux maquisards du Lomont .
C’est sous l’impulsion du capitaine Georges Meyer, qui assistera le Capitaine américain FLOEGE dans le commandement du maquis du Lomont ,que la décision d’ériger un « Monument Commémoratif aux Morts du Maquis du Lomont » a été prise. Une souscription a été lancée dans tout le Pays de Montbéliard. La commune de Mandeure acquiert l’îlot de terrain situé au Passage de la Douleur (commune de Pierrefontaine).
L’architecte Gabriel Painchaux a tracé les plans de l’ouvrage.
L’entreprise Roudet est chargée de la construction du monument.
C’est Enrico Campagnollo , élève du sculpteur Georges Laëthier,qui fait sortir le maquisard de la pierre...
Le monument est inauguré le 24 août 1947 par le Général Béthouart, devant une assemblée de 20000 personnes.
D’une hauteur de 13 mètres, ce « phare du Lomont », obélisque de pierre, est surmonté d’une lanterne (« sémaphore » que l’on pouvait allumer à l’occasion) et d’une croix de Lorraine. Le Maquisard, colosse de 2,50 m, est lui-même surmonté du blason de la ville de Montbéliard.
Pour tout savoir sur le maquis du Lomont (c'est super intéressant ! ) allez sur le site Le Pays du Lomont d'où est extrait le texte suivant :
"Depuis novembre 1944, les armes se sont tues sur ce plateau du Lomont cher aux habitants du Pays de Montbéliard.
Chaque année, le deuxième dimanche du mois de septembre, une foule nombreuse vient se recueillir devant le monument élevé à la gloire et à la mémoire des maquisards du Lomont tombés au champ d'honneur.
La devise inscrite sur son fronton :
symbolise l'esprit de résistance manifesté par ces maquisards du Pays de Montbéliard à la tenacité légendaire.
Leur combat sur le plateau de Montécheroux face aux unités d'occupation allemande a permis la sauvegarde du Maquis. Les actions programmées sur le plateau de Maîche et le verrouillage de la Vallée du Dessoubre a favorisé une avance rapide des groupements tactiques de la 1ère Armée Française.
Leurs combats retardateurs à Clerval, à l'Isle sur le Doubs ont obligé la 11ème Panzer Division, unité d'élite de l'armée allemande de modifier son itinéraire de repli : quitter l'axe principal Besançon-Montbéliard pour s'enliser dans le réseau routier touffu situé entre les rivières Doubs et Ognon.
Ces deux actions conjuguées, qui se sont déroulées hors du plateau de Montécheroux ont permis la sauvegarde définitive du Maquis du Lomont en permettant à la 1ère Armée Française de soutenir de ses feux d'armes lourdes les maquisards qui allaient être confrontés à des combats meurtriers contre des éléments de la 11ème Panzer Division.
Honneur à ces braves qui bien que mal vêtus, mal chaussés, mal armés ont résisté héroïquement aux attaques furieuses de l'ennemi pour conserver le Lomont, clé du Pays de Montbéliard, porte de la Trouée de Belfort et de l'Alsace, route menant au Rhin."
Texte élaboré par les membres de l'association
"Mémoire et souvenir de la Résistance du Pays de Montbéliard et du Lomont"
anciens F.F.I du Maquis du Lomont.
Rédigé par Fernand VURPILLOT ancien Sergent F.F.I du Maquis du Lomont
Sur le socle du monument , enneigé ici , est gravé la phrase :
ICI LES ENFANTS DU PAYS DE MONTBELIARD
SE SONT RASSEMBLES POUR LIBERER LA PATRIE .
Après ces explications données aussi à ma fille qui s'interrogeait devant de colosse , nous avons poursuivi notre chemin sur une petite route enneigée , réservée aux riverains qui habitent à quelques kilomètres de là . Les gens s'y baladent à pieds . Dimanche dernier , les arbres étaient encore habillés de blanc , stigmate des dernières chutes de neiges 2 jours plus tôt .
Ma poulette a pris un malin plaisir à me canarder avec de grosses boules de neige . Près de 40 cm de neige poudreuse recouvrait le sol .
Après 45 min de marche sur ce chemin de marche nous rebroussons chemin , il est plus de 17h15 , le soleil descend à l'horizon , jouant à cache cache avec les hêtres .
Le long du chemin , je remarque une petite touche de verdure ... des mousses ,et plus exactement des polytrics communs (Polytrichum commune ). Je sors du chemin pour m'approcher sauf que je n'avais pas pensé que j'allais me retrouver avec de la neige jusqu'au genou .... et donc de la neige qui rentre dans mes bottes ... ça mouille la neige lol !
Nous sommes remontées en voiture , pour "redescendre" chez nous . Mais comme à chaque fois que nous allons au Lomont , on ne pouvait pas ne pas faire une halte dans le champ qui fait le bonheur des petits du pays de Montbéliard et qui s'amusent chaque WE surtout , à dévaler la pente qui sur un bob, qui sur des sortes de couvercles de poubelle (qui doivent donner de fortes sensations vu la vitesse à laquelle on descend tout en tournant sur soi - même ! ) qui sur une pelle ... Ma grande a fait une tentative pas très concluante sur sa pelle ... le bob aurait été plus approprié pour le coup mais on ne l'avait pas pris !
Les bûcherons ont fait une coupe franche en bordure du champ et ont abattu de nombreux épicéas qu'ils ont empilé au bord de la route . Nous nous sommes amusées à compter les cernes de certains spécimens ... les plus gros avaient entre 60 et 70 ans d'âge , ça commence à faire ! je me suis une nouvelle fois ce dimanche , amusée à photographier le bois et voilà ce que ça donne :
sur ce tronc nous avons compté plus de 60 séries de cernes ... cet épicéa a donc au moins 60 ans .
Voilà ainsi s'achève cette balade du dimanche dans la neige des monts du Lomont , dans la zone Nord du massif du Jura , à 30 km de Montbéliard . J'espère que ça vous aura plu , sans avoir trop froid !
Je vous donne rendez vous tout au long de la semaine prochaine pour de nouvelles recettes , et une nouvelle balade du dimanche dans 8 jours .